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Faisant suite au programme INDIVAT (1985-87),
le programme MINERVE a débuté en 1990; une instrumentation
a été placée à poste sur le Marion-Dufresne
et a permis jusqu'en 1997 d'effectuer 40 campagnes de valorisation de
transit, la plupart dans la partie ouest de l'Océan Indien et
le secteur Antarctique indien (dont deux rotations sur l'Astrolabe en
96 et 97), régions où très peu d'observations avaient été faites
avant 1990. Certaines campagnes ont été couplées à des
campagnes océanographiques (WOCE, JGOFS). L'ensemble des mesures
MINERVE ont été analysées et publiées (voir
la bibliographie ci-après). Le service d'observation OISO a été mis
en place à la suite du programme MINERVE sur les trajets du Marion-Dufresne
entre la Réunion et les îles françaises australes
de Crozet, Kerguelen et Amsterdam et le programme ARGAU, a été initié en
1999, pour couvrir la partie ouest de l'océan austral atlantique
(voir les projets OISO et ARGAU de cette demande).
Le
but du programme MINERVE (Mesures à l'INterface Eau-aiR de
la Variabilité des Echanges de CO2), qui s'appuie sur des campagnes
de valorisation de transit, est d'observer et de comprendre les variabilités
saisonnières et interannuelles de la pression partielle de CO2
(pCO2) dans les eaux de surface à l'aide de mesures hydrologiques
et biogéochimiques in-situ et des données satellitaires
(température, couleur de la mer, vent). Les parcours logistiques
de l'Astrolabe, permettent d'accéder à des zones très
peu étudiées et de les documenter afin de comprendre les
processus qui expliquent les variations spatio-temporelle de pCO2 à moyenne échelle
dans les régions océaniques australes. Les données
récoltées durant ces campagnes serviront de base pour faire
des estimations de la variabilité interannuelle et de la variation
moyenne (tendance) du flux net de CO2 à l'interface océan-atmosphère;
une extention de la stratégie de ce programme à partir
d'octobre 2003 permettra la réalisation de quelques stations hydrographiques
de moyennes profondeurs, afin d'appréhender par plusieurs méthodes
de calcul le signal de CO2 anthropique qui pénètre dans
l'océan dans ce secteur austral. En identifiant et quantifiant
des sources et puits de CO2, les observations recueillies lors des campagnes
MINERVE serviront également à d'autres équipes pour
contraindre des modèles atmosphériques et pour valider
des modèles biogéochimiques basés sur des modèles
de circulation générale océanique qui tentent de
simuler le cycle du carbone océanique à moyen et long
terme. L'étude en zones subtropicale et subantarctique, effectuée
en collaboration avec l'équipe australienne (B.Tilbrook) qui va
coopérer avec notre équipe pour le présent projet,
a permis de comparer les cycles du CO2 de surface dans ces deux régions:
les variabilités saisonnières ont des amplitudes semblables
dans les deux régions mais elles sont déphasées
d'environ 6 mois (Metzl et al., 1999). Les processus qui contrôlent
ces variations sont, en été austral l'intensification de
l'activité biologique qui augmente fortement le puits de CO2,
tandis qu'en hiver c'est l'augmentation de la profondeur de la couche
mélangée qui explique le retour de la concentration de
CO2 des eaux de surface vers celle de l'atmosphère; cette profondeur,
estimée à partir des mesures faites lors des campagnes
OISO atteignait 500m en août 1998 à 40°S. La même
tentative de composition du cycle annuel et d'explication des variations
interannuelles du CO2 de surface a été également
tentée dans l'océan austral mais elle n'a pas encore donné de
résultats exploitables. Seul
le point KERFIX/JGOFS, situé à la lisière
du Front Polaire, donne accès à une information saisonnière
sur quelques propriétés biogéochimiques (Jeandel
et al., 1998; Louanchi et al., 1998, 1999). Toutefois, bien que les données
collectées à cette station aient été utilisées
dans plusieurs études de modélisation, il n'est pas possible
d'appliquer ces résultats à l'ensemble de l'océan
austral: en effet, la zone ouest indienne de l'océan austral est
composée d'une mozaïque de zone sources et puits de CO2 en été (Metzl
et al., 1991; Poisson et al., 1993; Poisson et al., 1994). Des études
effectuées au laboratoire (Metzl et al., 1995; Jabaud, 1998; Metzl
et al., 1998b; Louanchi et al., 1999; Poisson et Metzl, 1999) montrent
que la distribution de pCO2 au sud du front polaire doit être régionalisée
non seulement en latitude mais également suivant les bassins océaniques.
Cette analyse est soutenue par les données OISO (Jabaud et al.,
2000) ainsi que par les données acquises durant les deux campagnes
WOCE/CIVA-1 et CIVA-2 à 30°E mises en oeuvre par le LBCM en
février 1993 et mars 1996. Ceci a également été mis
en évidence lors des campagnes MINERVE entre Hobart et la Terre
Adélie réalisées à bord de l'Astrolabe en
96 et 97 où il a été montré l'importance
de la photosynthèse provoquée par les poussées phytoplanctoniques
près du pack et à l'intérieur du pack lors de
la fonte de la glace (Figure 1). Les résultats acquis soulignent le besoin de poursuivre ces
mesures car pour observer un signal saisonnier sur un cycle géochimique
naturel variable et pertubé à l'échelle interannuelle,
il est nécessaire de faire des observations pendant une dizaine
d'années. Or il n'a jamais été possible d'observer
un cycle annuel complet dans une région donnée de l'océan
austral; il a toujours fallu jusqu'à présent utiliser des
données de zones différentes et d'années différentes;
de plus, les campagnes MINERVE dans l'océan austral ont toujours
eu lieu au cours de périodes situées entre janvier et septembre.
L'acquisition de mesures régulières de pCO2 de surface à l'échelle
mondiale est un besoin urgent, nécessaire pour la compréhension
du cycle du CO2 océanique et pour les études sur le climat à moyen
et long termes. Le programme MINERVE est complémentaire des travaux
effectués à l'échelle internationale dans les océans
Atlantique et Pacifique; à l'échelle nationale ce programme
est complémentaire des programmes OISO dans la partie centrale
du secteur austral indien et ARGAU dans la partie ouest proche de la
péninsule antarctique et dans la mer de Weddell . Les mesures
obtenues seront mises à la disposition de la communauté nationale
dans le centre de données IFREMER et internationale dans une banque
de données localisée au CDIAC aux USA.
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Dans un premier temps, nous effectuerons des mesures de carbone inorganique
total dissous (TCO2) et d'Alcalinité Totale (AT) dans les eaux de
surface en semi-continu par une technique que nous avons développée
au laboratoire pour le service d'observation OISO. Un appareillage est
en construction sur le modèle qui existe sur le Marion-Dufresne
pour OISO. Les mesures de pCO2 et de température de l'eau de surface
et pCO2 de l'air seront assurées par l'équipe australienne.
L'acquisition des mesures et un pré-traitement des données
seront effectués à bord. Des filtres seront prélevés
toutes les 4 heures pour mesurer la chlorophylle; ces mesures seront effectuées
par les Australiens au CSIRO de Hobart au retour de chaque rotation de
l'Astrolabe. Des échantillons d'eau de surface seront prélevés
pour mesurer les isotopes stables du carbone et des sondes bioptiques (à déterminer)
seront installées sur le circuit de pompage par le CSIRO.
Afin de compléter le maillage des mesures faites sur le bateau à une échelle
de temps plus courte et à compléter les mesures estivales faites
sur le bateau par des mesures hivernales, il est envisagé de mettre
en place sur la radiale Hobart-Dumont d'Urville, soit une bouée fixe
Carioca, soit une sonde de pCO2 immergée (actuellement en développement à la
DT-INSU); Cette bouée ou cette sonde sera demandée pour être
mise en place, si possible, en 2003. Elle sera gérée en coopération
avec le LODYC (J. Etcheto). Elle sera positionnée près de la
bouée que les physiciens du CSIRO vont mettre en place sur cette radiale.
Dans un deuxième temps (à partir de 2004), pendant une des rotations
du navire de l'année, une dizaine de stations hydrologiques (profondeur
maximale 1000m) seront effectuées quand les conditions de mer le permettront;
des prélèvements seront réalisés sur la colonne
d'eau pour des mesures de TCO2 et AT qui seront faites au LBCM à Paris
et de salinité, chlorophylle et 13C qui seront faites par l'équipe
australienne aux retours du navire à Hobart.
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