Photo of a Salp. Photo: Ken O'Sullivan, Sea Fever Productions
Les déchets marins et les microplastiques sont devenus un grave problème mondial et leur impact négatif sur les animaux marins suscite de vives inquiétudes.
Une nouvelle étude menée par des océanographes de l'Institut Ryan de l'Université Nationale d'Irlande à Galway, en collaboration avec le Collège Universitaire de Cork (UCC - University College Cork) et le Laboratoire d'Océanographie de Villefranche sur Mer (LOV), a révélé que les microplastiques peuvent avoir des conséquences négatives sur l'absorption et le stockage à long terme du dioxyde de carbone atmosphérique dans nos océans, réalisés par des organismes marins clés.
Le dioxyde de carbone (CO2) est un gaz à effet de serre émis lors de la combustion de combustibles fossiles et ses niveaux atmosphériques ont constamment augmenté au cours des deux derniers siècles.
Il est naturellement absorbé par nos océans par le biais de processus biologiques, chimiques et physiques.
Ces recherches ont été publiées dans la revue internationale "Environmental Science and Technology", article "Microplastic Ingestion by Gelatinous Zooplankton May Lower Efficiency of the Biological Pump"
Les équipes de chercheurs ont étudié l'interaction des microplastiques avec les salpes ; ce sont des organismes marins qui ressemblent à des méduses et jouent un rôle très important dans l'absorption du dioxyde de carbone atmosphérique et dans son transport vers le fond de la mer, où le carbone est stocké.
L'auteur principal de l'étude, Alina Wieczorek, de l'Institut Ryan, de l'Université nationale d'Irlande à Galway, explique : "On estime que nos océans ont capturé entre un quart et la moitié de l'ensemble du dioxyde de carbone d'origine anthropique émis dans l'atmosphère, au cours des deux derniers siècles. Le transport de carbone vers le fond de la mer assuré par les salpes et d'autres animaux zooplanctoniques en représente une part importante. "
Photo of a Salp. Photo: Ken O'Sullivan, Sea Fever Productions
À la surface de la mer, des algues microscopiques transforment le CO2 dissous en carbone organique. Ces algues sont consommées par de nombreux animaux et constituent la base du réseau trophique marin. Lorsque ce carbone organique est transféré par le biais de la chaîne alimentaire, une grande partie est respiré et est reconverti en CO2, qui est ensuite rejeté dans l'océan et l'atmosphère.
Or, une partie du carbone capturé est transportée vers le fond de la mer sous la forme de particules qui coulent dans l'eau. C'est là que les salpes jouent un rôle important.
Ils ingèrent des algues à la surface de la mer et excrètent des déchets, sorte de « pelotes fécales » denses qui s'enfoncent rapidement dans les profondeurs marines, entraînant avec eux une partie de ce carbone capturé.
Cependant, au cours d'expériences en laboratoire effectuées au LOV, à l'Institut de la Mer de Villefranche - IMEV (Sorbonne Université SU - CNRS), les chercheurs ont constaté que, lorsque les salpes ingéraient des microplastiques, ces derniers se retrouvaient dans leurs pelotes fécales, qui ne coulaient plus aussi vite.
Alina Wieczorek ajoute:
"Notre étude suggère que les pelotes fécales des salpes resteront plus longtemps à la surface de la mer quand ils contiennent des microplastiques, ce qui augmente le risque de leur dissolution anticipée, entraînant une restitution du dioxyde de carbone dans l'océan et l'atmosphère.
Les résultats montrent que les microplastiques ont le potentiel de réduire l'efficacité de l'un des processus naturels les plus importants se produisant dans nos océans, à savoir le transport du CO2 par voie biologique, vers le fond de la mer."
Les chercheurs ont également noté que, alors que l'altération de la densité des pelotes fécales de salpes peuvent entraîner un recyclage d'une partie d'entre elles dans les couches supérieures de la colonne d'eau, certaines pelotes peuvent malgré tout atteindre le fond de la mer mais en y transportant les microplastiques.
La découverte récente de la présence de microplastiques dans la fosse des Mariannes, point le plus profond de la Terre situé dans l'océan Pacifique occidental, vient à l'appui de cette théorie.
Le Dr Fabien Lombard, co-auteur de cette étude, et Maître de Conférences au Laboratoire de Villefranche sur Mer (LOV-IMEV-Sorbonne Université), explique :
"La plupart des études se concentrent sur la quantité de plastique dans les océans, mais lorsque l'on examine ces quantités, il apparaît qu'une importante quantité du plastique le plus petit est "absent" et disparaît de la surface de la mer sans explication claire. Ce transport, assuré par les pelotes fécales de zooplancton, permet de comprendre pourquoi les plastiques se retrouvent même dans les sédiments profonds. "
Le Dr Tom Doyle, auteur principal de l'étude de l'UCC (anciennement l'Université Nationale d'Irlande à Galway), a déclaré :
"Notre étude met en lumière que les déchets marins et les microplastiques peuvent avoir un impact sur les animaux et même sur les écosystèmes à des niveaux que nous n'avons pas encore pris en compte.
Cependant, il est très important de souligner que notre étude a été réalisée en laboratoire et dans des conditions contrôlées. Nous devons maintenant nous rendre sur le terrain pour vérifier notre hypothèse en quantifiant l'abondance des microplastiques trouvés dans les salpes et leurs pelotes fécales, et ce, dans différentes zones de nos océans ".
L'étude a été financée par une bourse de troisième cycle de l'Université nationale d'Irlande à Galway et par le projet PLASTOX dans le cadre du programme de recherche marine du « Marine Institute » géré par le gouvernement irlandais dans le cadre de JPI Oceans.
Les recherches ont également bénéficié du soutien du Centre National de Ressources Biologiques Marines-EMBRC France, dont les fonds publics sont gérés par l'ANR dans le cadre du Programme d'Investissements d'Avenir (PIA). A noter également une subvention de recherche allouée par la Foundation de la Science d'Irlande (SFI) du Centre irlandais pour la Recherche Appliquée en Géosciences (iCRAG), cofinancée par le Fonds Européen de Développement pour la Recherche et par PIPCO RSG et ses sociétés membres.
Vidéo "Microplastic Ingestion by Zooplankton May Alter the Amount of Carbon Dioxide Reaching the Sea Floor"
Liens Presse/Net :
The Times "Microplastics in ocean 'disrupt natural carbon storage'"
Irish Tech News "Study Finds Microplastic Ingestion by Zooplankton May Alter the Amount of Carbon Dioxide Reaching the Sea Floor"
NUI Galway News and Event "Study Finds Microplastic Ingestion by Zooplankton May Alter the Amount of Carbon Dioxide Reaching the Sea Floor"
Pour de plus amples informations sur l'étude publiée :
Alina Wieczorek, Ryan Institute, National University of Ireland Galway at Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. or 086 6623240
Dr Tom Doyle, UCC at Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Dr Fabien Lombard, Sorbonne université at Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Pour les contacts Presse :
Gwen O'Sullivan, Press and Information Executive, National University of Ireland Galway at Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. or 091 495695.
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