Impact des variations de la mousson Africaine sur l'érosion chimique des silicates dans le bassin versant du Nil depuis 100 000 ans

LE VENDREDI 07 DECEMBRE 2017 à 14h00 dans la salle de conférence du bâtiment 4 de Géoazur (250 rue Albert Einstein à Sophia Antipolis).
Directeurs de Thèse : Marie Revel Maître de conférence (UNS), Nathalie Vigier Directrice de Recherche (LOV) : Co-Directrice

Luc Bastian présentra également ses travaux LE LUNDI 04 DECEMBRE 2017 à 15h00 en Salle Tregouboff


Composition du Jury :

Catherine Jeandel Directrice de Recherche, LEGOS : Rapporteur
François Chabaux Directeur de Recherche, LHyGeS : Rapporteur
Guillemette Menot Professeure, ENS Lyon : Examinateur
Eric Douville Chercheur, CEA – LSCE : Examinateur
Jean Mascle Directeur de Recherche Emérite, UPMC : Examinateur

Résumé de la Thèse :

L’Afrique du Nord a connue, au cours du Quaternaire, des variations cycliques de l’intensité de la mousson en relation avec l’insolation. Cela a conduit à une alternance de périodes arides et humides et des modifications des flux sédimentaires du Nil. Alors que l’influence de ces variations sur l’érosion physique est bien connue, leur impact sur l’altération des silicates dans le bassin versant du Nil est ignoré. Or, l’altération continentale est un modulateur du climat puisqu’elle consomme du CO2 atmosphérique. Cette thèse se focalise sur le système deltaïque du Nil où l’apport continu de sédiment par les crues du Nil a permis l’enregistrement à haute résolution des modifications hydro-climatiques à l’échelle du bassin versant. L’objectif est de déterminer une reconstruction de l’altération continentale dans le bassin du Nil depuis 100.000 ans, afin de mieux comprendre l’impact des variations climatiques sur les sols, les apports à la Méditerranée et le cycle du carbone.
Ce travail repose sur une étude géochimique fine des argiles extraites d’archives sédimentaires du delta du Nil sur une échelle de temps de 100.000 ans. Il repose sur une approche inédite du couplage d’un traceur de source (isotopes du néodyme) et de traceurs d’altérations (isotopes du lithium et rapports élémentaires). En complément, des échantillons actuels des différentes sources du Nil ont été analysés, ainsi qu’une archive sédimentaire du lac Tana (Ethiopie).
Les résultats de cette étude mettent en évidence une réponse rapide de l’altération continentale aux variations hydro-climatique en Afrique du Nord. A l’échelle du dernier glaciaire, les changements climatiques en Atlantique Nord et du ralentissement de l’AMOC (Heinrich stadial) ont eu une influence importante sur la diminution de l’intensité d’altération continentale dans le bassin du Nil.
A l’actuel, les taux d’altération, et la consommation de CO2 associée, des trapps d’Ethiopie sont relativement faibles par rapport aux autres régions basaltiques comme le Deccan. Nos résultats montrent cependant que durant les périodes plus humides en Afrique du Nord, et principalement l’African Humid Period (AHP), la consommation de CO2 dans cette région était 2 à 3 fois plus importante qu’aujourd’hui. Cela indique que les trapps d’Ethiopie ont pu jouer un rôle non négligeable dans le cycle global du CO2 au cours du Cénozoïque, et en particulier lors des périodes de fort runoff.
Enfin, des développements analytiques ont été réalisés afin de pouvoir exploiter les compositions isotopiques en lithium des carbonates biogéniques marins, comme nouveaux traceurs des apports en eau douce du Nil. Les résultats obtenus suggèrent une influence des effets dits « vitaux » et des processus de diagénèse.