ANTARES 4  -  Jan. 4  - Feb. 23,   1999
Marion-Dufresne

M. DENIS : head of missionPh. PONDAVEN  : Project Leader

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PRESENTATION

(extrait du rapport final : avant-propos)

Ce rapport de fin de campagne a été établi à partir des différents documents remis par les participants. Il constitue une présentation relativement exhaustive des travaux réalisés sur le Marion Dufresne. Il s’accompagne de commentaires sur les conditions de travail à bord, avec un récapitulatif en fin de rapport.

L’inventaire détaillé des prélèvements et échantillonnages n’a pas été inclus dans ce rapport à cause de son volume trop important. Il fait l’objet d’un fichier qui sera transmis par voie électronique aux participants et qui peut être demandé au chef de mission.

Qu’il me soit permis de sortir du formalisme d’un tel rapport pour distraire le lecteur dans les coulisses de cette campagne. Elle devait porter le numéro 2 dans le programme ANTARES et ce fut la dernière. Il est vrai qu’au début de cette décade, l’étude d’un front géostrophique de la taille de ceux rencontrés dans le bassin de Crozet était considérée comme impossible. Les outils appropiés n’existaient pas et le projet fut renvoyé à plus tard.

Après la campagne ANTARES 3, le projet fut réactivé. Dans un premier temps, une solution fut recherchée dans une collaboration avec des collègues australiens et prit la forme d’une campagne avec deux bateaux, l’Aurora Australis et le Marion Dufresne. La contrainte de cette solution était d’intervenir sur un site approximativement à mi-chemin entre Perth et Kerguelen, site pour lequel il y avait très peu d’informations disponibles. Cette démarche ayant été rejetée par le comité scientifique de France-JGOFS, une deuxième solution a été élaborée pour une campagne dans le bassin de Crozet où les travaux de Young Park et collaborateurs offraient une base de travail bien documentée. L’étude des structures frontales à méso-échelle reposait sur l’intervention de l’équipe de Raymond Pollard avec un SEASOAR. Cette solution fut également rejetée par le comité scientifique de France-JGOFS qui recommanda l’utilisation du TOWYO, moyen national développé par Louis Prieur, pour l’étude à méso-échelle des structures frontales en Méditerranée. Le projet définitif fut donc construit sur cette base et le 3 janvier 1999, 43 scientifiques se retrouvaient à La Réunion pour une aventure inédite. La communauté française était représentée par une ingénieur de l’INSU et 25 scientifiques venant de 11 laboratoires nationaux. Les collaborateurs étrangers, au nombre de 17, représentaient 7 nationalités et 10 institutions distinctes.

Avant même le départ, l’équipe scientifique a été réduite à 42 participants. Le malheureux Christophe Vasseur a du débarquer à peine monté à bord, son matériel ayant été « égaré » à Montréal. Grande fut sa déception. Pour les autres, les défits allaient bientôt commencer. Le premier était de repérer la zone frontale. Elle se trouvait là où les prévisions la situaient. Cette apparente facilité cachait la première difficulté. La pointe du méandre à identifier se trouvait beaucoup plus au sud que lors des observations antérieures. Il a donc fallu modifier la position de la station longue (station 3) dans les eaux subantarctiques ainsi que celle de la grille à parcourir avec le TOWYO et aussi le sens de parcours. Au préalable, 2 bouées CARIOCA ont été mises à l’eau dans une ambiance festive. Leur fonctionnement satisfaisant a conduit à ne pas les récupérer pour qu’elles continuent à collecter de précieuses données sur une plus longue période (leur autonomie potentielle est de 1 an). Le suivi de leur trajet est aussi un apport précieux sur la circulation dans cette région. Ainsi, au 8 février elles avaient déjà parcouru un méandre complet. Presque 4 mois plus tard, elles poursuivent leur collecte.

La station 3 a été marquée par plusieurs interruptions à cause du mauvais temps et surtout par la perte de contact avec la bouée dérivante, suite à la défaillance concomitante de la balise Argos et du dispositif acoustique (transpondeur). L’analyse des courants, l’estimation d’une dérive probable, une observation obstinée de la mer avec des jumelles, un peu d’intuition et beaucoup de chance ont permis de réaliser ce qui paraissait impossible, repérer et récupérer la bouée instrumentée. Ce fut un grand moment de la campagne. L’exploration de la grille avec le TOWYO ne fut pas sans émotion également. C’était la première fois que cet instrument était mis en œuvre avec un objectif aussi ambitieux et chaque incident technique réveillait la crainte d’un échec. Ces incidents furent heureusement maîtrisés et le TOWYO a fait merveille dans le parcours de la grille, la plupart des 313 profils (montée + descente) atteignant 1200 m de profondeur, significativement en dessous des eaux antarctiques intermédiaires. La deuxième station longue (station 7) a été marquée par le relevage du piège à particules emmêlé dans sa ligne et positionné sens dessus-dessous. La mise à l’eau de la ligne instrumentée avait été un modèle d’école, avec une mer calme. L’examen des godets a révélé que la perturbation à l’origine de ce retournement s’était produite dès l’installation de la ligne, tous les godets étant dépourvus de particules. La seule explication rationnelle retenue est qu’une baleine ait retourné le piège, probablement d’un coup de queue, après avoir été leurrée par le « transpondeur » qui y était attaché, les sons émis se révélant ne pas provenir d’une âme sœur potentielle.

Le dernier clin d’œil de la nature a été l’éclipse solaire annulaire qui a accompagné le dernier relevage (animé) de la bouée dérivante et du piège à particules avant d’amorcer le retour.

 

Sur les 343 opérations à la mer programmées, 15% seulement n’ont pas été réalisées, la moitié environ pour cause de mauvais temps; l’autre moitié concerne essentiellement des traits de filets annulés par les intéressés eux-mêmes. Les annulations pour cause de mauvais temps ne concernent que la station 3 et deux arrêts sur la grille. Elles ont affecté surtout le profileur de sels nutritifs. Cette campagne se traduit donc par un taux de réussite des plus satisfaisants. Elle comporte quelques premières, notamment la mise en œuvre du TOWYO jusqu’à 1200 m de profondeur et l’accompagnement avec un très léger différé d’images SEAWIFS qui ont conforté le choix du site d’étude dans cette perception à grande échelle de l’océan austral. L’évolution des images SEAWIFS a révélé une décroissance continue des signaux caractéristiques de la chlorophylle a, situant la campagne dans une phase de post-efflorescence.

 

Les contraintes de logistique avaient imposé à cette campagne un détour par chacune des îles australes (Amsterdam, Saint Paul, Kerguelen, Crozet). Cette contrainte s’est transformée en détente grâce au beau temps qui a rendu possible une courte visite de Saint Paul, Kerguelen et Crozet. Chacun a pu y faire provision d’images et de souvenirs qui marqueront pendant longtemps la mémoire de cette campagne.


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